article original du 20 février 2019
Faire de la photo avec le
Drone Parrot Anafi
Intro
Les drones permettant de faire des prises de vues sont nombreux sur le marché, mais des drones pour les photographes sont finalement plus difficiles à trouver. La société Parrot fut un temps leader sur le marché des drones mais elle a été dorénavant dépassée largement pas la société chinoise DJI. Parrot avait à son catalogue un Bepop 2 bien né, fiable mais dont la qualité de prise de vue était très limitée et sujette à critique. Au mois de juin 2018, c'est une nouvelle arme qui a été mise sur le marché. Parrot ne cache pas ses intentions d'entrée de jeu en qualifiant ce nouveau drone de caméra volante. L'Anafi, car il s'agit bien de lui est porteur de bien des espoirs pour la société Parrot, mais aussi pour bon nombre de pilotes photographes ou vidéastes qui cherchent un produit relativement abordable et surtout performant dans le domaine de l'image.
Les caractéristiques techniques
Je ne ferai pas la liste des caractéristiques ici, je vous renvoie directement sur le site de Parrot pour les trouver :
https://www.parrot.com/fr/drones/anafi#technicals
La conception : C'est un drone pliable, très compact quand il est plié. Son système de pliage est unique. Avec ses 320g, c'est du
très léger... Cela sous-entend quand même un soucis éventuel de solidité. Les bras semblent bien fragiles et on se fera violence pour manipuler tout cela avec soin. Pour autant, il va très bien
tenir le vent et ne parait pas se tordre de peur non plus. En tout cas, j'aime particulièrement sa forme allongée quand il est plié. Dans sa housse (livrée avec), il est parfaitement maintenu et
la housse est au format d'une gourde. On le logera facilement dans une poche de côté de sac à dos. Pour le transport, c'est vraiment bien vu. Les pieds contiennent chacun une antenne pour assurer
une réception de tous les côtés. Comme le DJI Spark ou le DJI Mavic Air il est très bas sur pattes et le poser sur sol naturel ne sera pas toujours chose aisée. Je conseille donc une petite base
d'atterrissage.
Le retour au point de départ : Le GPS contenu dans le drone va lui assurer un retour à sa base départ plutôt propre. Cette fonction s'enclenche sur la demande du pilote, mais aussi en cas de perte de liaison entre le drone et sa commande. C'est sécurisant. Vous pouvez régler la hauteur du retour, et c'est un bien car l'absence de détection d'obstacle impose qu'aucun de ceux-ci puissent être entre vous et le drone, sinon, il va revenir droit sur vous et si il est trop bas par rapport à des arbres, des fils électriques ou même des bâtiments, votre drone ira droit dedans ! Je suis réglé à 30m, cela reste confortable et surtout c'est valable pour toutes les zones autorisées au vol (même celles de 30m maximum !). Pour le retour en lui-même, le drone revient à 1 ou 2m de la cible de départ et il reste à 1m du sol pour laisser le pilote finir le recadrage.
Le décollage et atterrissage : On peut décoller du sol (sic !) mais aussi de la paume de sa main. Par contre l'atterrissage ne se fait qu'au sol officiellement, même si il est possible de se saisir du drone par en dessous car en le retournant rapidement, il coupe ses moteurs. Ce n'est pas une manœuvre officielle et c'est quand même un peu violent et je ne suis pas sûr que le gimbal de la caméra apprécie ce genre de mouvement brutal. D'autre part, un certain nombre d'utilisateurs se sont blessés à la main en effectuant cette manœuvre. Toutefois, dans certains cas d'atterrissage impossible, cela sera certainement le meilleur moyen de mettre un terme au vol en cours (je pense par exemple au cas d'un départ à partir d'un bateau).
En vol : C'est là que le savoir faire de Parrot se ressent immédiatement. Il est sain, agréable et facile à piloter. Que peut-on dire de plus ? Il résiste très bien au vent avec une officielle limite à 50km/h de vent tout de même. Je l'ai testé sur des cols en montagne, sur des bords de plage et effectivement, il tient très bien le vent ! On dirait même que cela ne le gène que très peu. Alors il bouge et réagit à chaque rafale, mais au final, en cas de prise d'image, celle-ci reste globalement très stable. Parlons également d'une vitesse de pointe de 55km/h. C'est pas mal, même si les Mavic font mieux. La réactivité du drone est paramétrable avec une limite à définir sur les différents axes (angles et vitesses de rotation). Vous avez deux paramétrages à définir, un mode film qui sera plutôt lent et permettra de filmer sans générer trop de flou et un mode sport où vous pouvez lâcher les chevaux. L'Anafi devient super réactif et réagit à la moindre sollicitation. Vraiment très agréable ! Et si on lâche les commandes, il se stabilise très bien et attend vos prochains ordres de déplacements. Pour les débutants, tout cela est très rassurant et sécurisant.
Détecteurs d'obstacles : L'Anafi ne possède qu'un seul détecteur d'obstacle, il est dirigé vers le bas et permet la gestion de l'atterrissage... C'est peu par rapport au concurrent chinois qui en met de plus en plus... Cela a certainement permis de simplifier l'Anafi au maximum. Moins lourd, moins cher, plus petit et ce sont toutes ces qualités qui en font en drone hors du commun actuellement. C'est un choix technique, commercial et stratégique qui a été fait par Parrot. Dans la pratique, on pilote et on fait attention à son environnement. Du coup, les modes automatiques de vol doivent être anticipés au mieux, et comme déjà signalé, tout Retour To Home automatique risque de finir mal si on n'a pas pris garde à mettre des réglages passant au dessus de tous les obstacles possibles. Tout ceci n'est pas sécurisant ni rassurant, mais on pilote et on sait que cela peut arriver, on est donc très vigilant. Avec la pratique, on évite certaines situations et certaines zones et on vit très bien avec cette épée de Damocles en se disant que de toutes façons, les détecteurs des Mavic de chez DJI ne sont pas non plus sûrs à 100% et que du coup, avec eux également, il vaut mieux prendre des précautions.... Que voulez-vous, on se rassure comme on peut !
Le bruit : Parrot a annoncé avoir énormément travaillé sur ce point. Et de fait, ils ont sorti un drone très peu bruyant par rapport à la concurrence. On ne va pas s'en plaindre... Quoique, dès que l'Anafi s'éloigne un peu de vous, si vous mettez le nez sur l'écran pour faire une ou deux prises de vues, ne comptez pas le retrouver dans le ciel par son bruit... Par contre pour filmer, c'est plus calme, cela dérange moins les badauds qui pourraient être alentours (bien entendu, on n'a pas le droit de survoler les personnes en France). Il en va de même pour la faune, moins perturbée par notre caméra volante.
Rayon d'action : Avec la télécommande, Parrot annonce 4 km de portée. Sachez qu'en France le mode radio est interdit, on utilise donc le mode Wifi et là, la portée est beaucoup moindre et dépend très fortement de l’environnement et de ses perturbations. Parfois, la limite ne dépassera pas 200m et parfois on pourra dépasser le km. Pour l'instant j'ai atteint les 750m, mais il reste la limite légale qui est de garder le drone à vue. Franchement à plus de 500m, on n'a pas intérêt à le quitter des yeux sur un ciel parfaitement uniforme pour pouvoir vraiment dire qu'il est encore à vue. Du coup, et puisque l'on peut mettre une géobarrière, je limite à 500m de distance et dans la pratique, à cette distance, c'est très rare que j'ai des soucis de connexion.
Autonomie : Officiellement, l'Anafi peut tenir en vol 25 minutes. Contrairement à DJI, le temps annoncé est très proche de la vérité. En stationnaire, par vent non négligeable et faisant quelques petites opérations comme une rotation ou deux, quelques photos (histoire de passer le temps), il est resté en vol pendant 24 minutes et 30 secondes ! Pas mal. En utilisation normale, avec déplacements en mode sport avec photos et vidéos, on tient un peu plus de 20 minutes. On est là très loin devant le Dji spark et ses 12 minutes, mais aussi loin devant le Mavic Air et ses 15 minutes (dans les mêmes conditions). C'est vraiment bien comme autonomie pour ses 320g en vol, on sent bien qu'il y a eu un vrai souci d'optimisation de la consommation, et cela a été fort bien maitrisé. N'en doutons pas, c'est là un sérieux avantage sur ses concurrents directs.
La caméra : La caméra est muni d'un capteur 4K de 1,2/4" de 21Mp d'origine Sony. C'est une caméra grand angle qui produira des déformations en mode Wide, mais c'est
aisément maitrisable en post traitement. Filmer en 4K ne nécessite que 12Mp, les pixels en plus vont servir à un astucieux système de zoom sans perte (en théorie). Il ne s'agit effectivement pas
d'un zoom numérique, mais bien d'une sorte de crop en direct qui permet de changer de point de vue et donner l'illusion d'un changement de focale. Ce n'en est pas vraiment un, mais ça grossit
effectivement. En 4K, on a ainsi un zoom de 1,4x, ce qui est peu, mais en Full HD, c'est un zoom de 2,8x qui est disponible donnant de beaux effets de rapproché. Cela permet d'augmenter très
sérieusement les possibilités créatrices de notre caméra. Tout cela n'est intéressant qu'en vidéo... En effet, en mode photo, le zoom n'est disponible que sur les modes JPG, mais, comme il ne
s'agit que de croper, autant le faire en recadrant ses photos en post-traitement... Plusieurs modes vidéos sont disponibles, dont le 4K (24 ou 30 img/s) et le Full HD jusqu'à 60 img/s ce qui
pourra permettre de faire des petits ralentis. En photo, le mode Wide permet de profiter des 21 Mp (5344x4016) avec un angle de champ de 84°. Il y a un mode rectilinear à 16 Mp
(4608x3456) avec un angle de champ réduit à 75° et sans les déformations du capteur. On peut enregistrer en format JPG et/ou en RAW (format Adobe DNG).
Le Gimbal : C'est un Gimbal 3 axes hybride. Il a fait couler de l'encre à sa sortie... En effet, il n'y a que deux axes mécaniques, le 3ème est électronique. A l'usage, c'est très stable et on ne ressent pas le manque du 3ème axe comme on pouvait le ressentir sur le DJI Spark. Le système de motorisation de la caméra permet de la faire pivoter de -90° à +90°, soit de la verticale en dessous du drone jusqu'à la verticale au dessus de lui. C'est inédit est très bienvenu. Encore une fois, notre caméra volante a été conçue pour faciliter la créativité de ses utilisateurs. Par grand vent, le drone est souvent très penché, la caméra parfaitement horizontale. Bien entendu cette conception très en avant du Gimbal implique aussi une absence de protection physique du système. On ne peut pas tout avoir...
Ce qui est livré avec : Une télécommande, un jeu d'hélices de rechange, un câble USB (sans transfo) et une batterie. Le tout est livré avec une très belle sacoche de protection pour le drone. Il faudra en racheter une de plus pour la télécommande. On en trouve facilement à 10€ sur le net. Pour le transfo, c'est un peu mesquin, mais le positionnement prix a surement été un souci majeur pour Parrot, et il n'y a pas de petites économies. Ceci étant, le moindre chargeur de téléphone fera son office. Par contre, selon le chargeur, le temps de recharge sera plus ou moins long...
On trouve quelques accessoires plus ou moins douteux pour notre drone... Le seul qui soit réellement nécessaire est la housse pour la télécommande, ou une valise pour l'ensemble. Une base d'atterrissage sera également obligatoire. Ensuite restera le nécessité ou pas d'avoir plusieurs batteries. Leur prix est relativement élevé (99€) mais au regard de l'autonomie, on est à peu près raccord avec les prix pratiqués par la concurrence. Une batterie USB de secours de téléphone est capable également de recharger les batteries de l'Anafi puisqu'elles se rechargent par un cable USB C. A noter que le même câble sert à la recharge et à la liaison entre le téléphone et la commande.
La télécommande et/ou le téléphone
Faisons un peu le tour de la télécommande. Elle est noire et étonnamment lourde et imposante... Quand on voit l'effort de miniaturisation du drone, on est surpris par la télécommande. Pourtant, son poids est un choix puisqu'il y a deux poids dans les cornes de prises en main. Pourquoi alourdir artificiellement son produit ? Pour le confort d'utilisation. C'est discutable quand c'est dans le sac, mais quand on l'a en main, elle est bien équilibrée et agréable à utiliser. Ses poids permettent de compenser le poids du téléphone en tête de commande. Elle tient bien en main, agréable au toucher, même si je trouve qu'elle est un peu glissante car sans aspérité. J'aime beaucoup le fait d'avoir le téléphone en haut et pas en bas comme chez DJI.
Pour les boutons, peu de choses sur le devant : les deux sticks de pilotage. Ils ne font pas très riche, pas de caoutchouc et de parties chromées comme chez DJI, mais au final très agréables à utiliser grâce à des ressorts à la fois très doux et fermes avec une grande linéarité. Deux boutons complètent la façade, le retour RTH et le bouton de décollage. Sous les index, deux boutons, à droite le déclencheur, à gauche la remise à zéro de la position de caméra. Sous ces boutons, deux gâchettes : à gauche, le contrôle de l'inclinaison de la caméra, à droite le zoom. Ces gâchettes sont très agréables, bien plus faciles à gérer que la molette DJI.
Comme chez DJI, je trouve qu'il manque un système d'accroche pour une sangle. Pour résumer, nous avons là une télécommande bien pensée, agréable mais lourde et un peu encombrante...
L'application
L'application livrée avec l'Anafi est Freeflight 6. Elle évolue en permanence depuis sa sortie et Parrot ajoute petit à petit des fonctions à son Anafi.
L'application est sobre de présentation et là encore plutôt bien pensée et agréable à utiliser. On ne peut pas éviter les menus à tiroir, mais tout tombe rapidement sous les doigts et on
n'a peu à lâcher les commandes pour interagir sur les paramètres de prise de vue. Le retour vidéo est correct avec quelques lags selon les versions... A noter depuis les dernières versions
des incrustations permettant de contrôler les zones surexposées ou la présence d'un histogramme pour les plus pointus des pilotes/photographes. Pour éviter de régler l'exposition de façon très
précise à chaque photo, on a aussi la possibilité parmi les modes photo de faire du bracketing. Les modes photos sont assez nombreux, et l'on peut gérer pas mal de paramètres en manuel ou en
automatique avec des modes semis automatiques bien pensés. Il est également très aisé de baisser ou d'élever l'exposition.
Petite option bien sympathique pour les photographes proposée depuis les dernières mises à jours : dans les paramètres de la télécommande, on peut attribuer la commande de l'exposition à la gâchette dévolue au zoom. Comme en mode photo, le zoom n'a aucun intérêt (simple crop), cette gâchette est bien agréable pour régler l'exposition rapidement, en particulier quand on photographie en mode FPV (avec les lunettes de réalité virtuelle sur le nez). Si vous êtes en vision sur le téléphone, pensez à activer les hachures de surexposition et avec la gâchette on règle son exposition à son souhait en quelques coups sur la gâchette, sans lâcher les commandes. Vraiment bien vu, et encore une preuve que Parrot n'a pas pensé la fonction photo comme une sous fonctionnalité de son drone mais bien comme un appareil photo à part entière. Ce n'est pas toujours le cas chez les concurrents. En particulier, DJI propose des capteurs et des optiques de grande qualité, mais leur logiciel est avant tout orienté vidéo et la partie photo est vraiment trop légère pour tirer partie des qualités du drone.
Le mode FPV pour la photo
Depuis quelques semaines, Parrot propose un pack Anafi FPV avec des lunettes de réalité virtuelle. Et depuis la dernière mise à jour, Parrot propose une série de lunettes compatibles avec l'Anafi et freeflight 6. Cela tombe bien car, comme à son habitude depuis la sortie de l'Anafi, les lunettes Cockpit Glass 3 ne sont pas disponibles à la vente seules... Alors j'ai testé l'une de ses lunettes compatibles : les Merge VR. Elles sont à l'origine prévue pour une utilisation pédagogique et en mousse. Elles sont souples et un peu encombrantes, mais légères à porter. L'adaptation au téléphone est bonne mais attention à sa taille. L'intérêt de ce casque, c'est la présence de boutons qui vont permettre l'accès au menu de configuration pendant le vol. Ce menu est très bien fait, on rentre dans le mode menu, le drone se met en attente et vous naviguez dans le menu grâce à la télécommande. Une nouvelle pression sur le bouton et on repart dans la vision du drone.
Justement, deux possibilités de vision dans les lunettes vous sont proposées : soit la vision subjective de la caméra, soit la vision de la caméra de votre téléphone. Cela permet de voir le drone, en particulier pour l'atterrissage. Attention tout de même, la caméra n'est pas 3D et on n'a pas de notion de profondeur, donc, l'atterrissage à vue est délicat. Pour l'atterrissage, il vaut mieux quitter les lunettes, mais à ce moment le téléphone reste dans les lunettes... De ce point de vue, pensez à vous munir d'un câble de liaison entre le téléphone et la télécommande plutôt long.
Pour la photo, par contre, c'est assez intéressant d'avoir la vison large de ce que voit la caméra. le cadrage de la photo est précis et on a une très bonne idée du résultat final. Bref je suis fan et je pense que l'été, en randonnée quand le soleil tape sur le téléphone, les lunettes vont être une bonne option...
ATTENTION, je me permets un rappel important : dans les règles de vol des drones, le vol en mode FPV doit se faire quand on est accompagné d'une tierce personne qui est chargée, elle de garder le drone à vue. Ce n'est pas une blague, quand on est en vol immersif, on perd totalement la notion de l'environnement et donc des dangers encourus où que l'on peut faire courir à d'autres !
Mon avis sur la qualité optique
On va maintenant se pencher un peu plus en détail sur la qualité optique. D'abord voici l'image de base délivrée en JPG Wide par l'Anafi. On peut agir un peu dessus en terme de netteté ou de contraste par exemple dans les réglages de l'application (à faire avant la prise de vue). Je suis dans le style Naturel. Le piqué est plutôt pas mal globalement, de très bon au centre à un tout petit peu limite sur les bords. Mais l'image obtenue est très honorable. Par contre, on constate beaucoup de bruit dans le ciel. Avec le soleil présent, c'est tout de même étonnant d'en avoir autant (attention, le passage sur le site ici a bien diminué le bruit visible dans la réalité à cause d'une résolution plus faible). On peut également trouver que les ombres ont tendance à se boucher. On sent que le traitement ici a favorisé le piqué.
C'est tout le problème de laisser notre drone faire le traitement par lui-même des données qui sortent du capteur. Ayant l'habitude d'utiliser DXO PhotoLab pour travailler les niveaux de mes clichés, j'ai donc tenté l'opération sur cette image JPG issu de l'Anafi. Vous trouverez le résultat sur les trois dernières images de la série ci-dessous. Globalement, Dxo va enlever un peu de bruit de l'image, mais il en reste beaucoup tout de même. N'hésitez pas, bien entendu à agrandir les images...
C'est pourquoi le format RAW va vite devenir indispensable... En effet, le format RAW va permettre d'éviter le traitement automatique de l'Anafi et nous permettre de prendre le contrôle. De même que sur les reflex, un photographe souhaitant obtenir le meilleur de son matériel va devoir passer un peu de temps en post-traitement. Le problème majeur, c'est que DXO PhotoLab ne reconnait pas le format RAW de Parrot... Lightroom le reconnait, pas DXO... Pas de chance, je ne travaille pas avec Lightroom... Alors il m'a fallu me tourner vers l'autre logiciel que j'utilise, Affinity Photo. Lui reconnait et accepte de traiter les RAW de l'Anafi, mais, on ne retrouvera pas les fonctionnalités si spécifiques et si puissantes de DXO PhotoLab... Alors voyons le résultat que nous pouvons obtenir. Ci dessous, plusieurs tests.
Pour la première série, on va laisser faire Affinity avec les paramètres tous réglés sur le paramétrage initial, sans aucun autre traitement. C'est certainement là que l'on est le plus prêt de la qualité réelle optique de notre caméra... C'est plutôt mou et très bruité ! Bref pas terrible. Il va falloir agir sur ces deux points !
Pour la seconde série, on a agi sur l'onglet "détail" du dématriçage d'Affinity. Je ne me suis pas tellement embêté, j'ai mis tous les curseurs à fond : augmentation de la netteté et réduction du bruit ! Et là, tout change ! L'image devient piquée au centre et tout à fait correcte sur les bords, avec un ciel quasiment sans bruit. Ceci étant, à avoir tout poussé à fond, on retrouve tun peu de bruit dans le ciel sur les contours. A l'arrivée, on a retrouvé le piqué du traitement interne au drone (C'est l'image JPG délivrée directement) mais sans le bruit.
Le format RAW va nous permettre également de corriger les déformations liées à l'objectif très grand-angle et à corriger l'exposition. Cela, mine de rien, nous affranchit quand même de faire les réglages pile poil pendant les prises de vue. Il faudra tout de fois bien surveiller les zones en sur-exposition (ou en sous-exposition) qui ne seront pas récupérables par ce traitement. Il suffit pour cela de jouer sur le décalage de l'exposition (très facile à atteindre) lors du vol. La troisième série donne une idée d'un post-traitement (que j'ai nommé optimisé, mais qui ne l'est pas réellement car je souhaitais rester dans la zone d'exposition du JPG de l'Anafi pour rendre la comparaison plus aisée). Le résultat est forcément aussi bon que la série précédente avec les distorsions en moins et un équilibrage des expositions et de la colorimétrie telle que l'on peut espérer le faire sur des fichiers RAW. C'est donc bien une étape à laquelle il sera difficile de déroger si l'on veut obtenir les superbes images que notre Anafi est capable de délivrer !
Bien que très satisfait de mes images post-traitées, il me restait la frustration de ne pas pouvoir utiliser les outils DXO, comme le filtre antibruit si puissant de PhotoLab, ou l'outil Clearview qui permet de faire disparaitre le voile de brume de l'atmosphère et dont on peut user ou abuser pour gagner en couleurs. Alors, j'ai décidé de passer les JPG des séries ci-dessus dans DXO. Alors on ne dispose pas du module "Prime" puisque l'on ne travaille pas sur du RAW, mais DXO PhotoLab va, encore une fois démontrer toute sa puissance !
La première série n'a que peu d'intérêt, car c'est le JPG de l'ANAFI qui passe à la moulinette. A part les déformations et l'exposition, on a du mal à gagner sur le bruit (voire pire car on rajoute tout de même une compression à celle déjà existante).
La deuxième série est plus probante, j'ai utilisé le JPG sorti par Affinity avec juste le traitement du bruit et de la netteté. J'ai profité alors des outils DXO pour les déformations (qui prend en compte les déformations de type Fisheye qui semblent mieux correspondre à la réalité de l'Anafi), pour gérer l'exposition et la colorimétrie. Cette fois, on gagne sur tous les tableaux avec la disparition du bruit localisé et généré par les traitements Affinity... Dxo est leader dans le traitement antibruit, ce n'est pas surprenant qu'il fasse mieux ici.. Le reste de l'image n'est pas globalement dégradé, même si c'est la limite de traiter des fichiers JPG, et que l'on peut voir ainsi sur certaines photos des zones totalement dénaturées dans le détail. En clair ce traitement supplémentaire pourra améliorer certaines images et en abimer d'autres...
J'ai donc testé quelques cheminements différents et globalement je peux conclure que dans la pratique, il faut absolument passer par le format RAW, utiliser un logiciel pour le développement vers le JPG en poussant très fort sur la réduction du bruit d'une part et sur la netteté d'autre part. On peut en profiter pour régler l'expo et la colorimétrie. Si on ne souhaite pas aller plus loin, on traite aussi les déformations à ce stade. Par contre, si l'on veut pousser un peu plus le traitement, on aura tout intérêt à ne pas jouer sur la géométrie en RAW et de faire l'expo de manière plutôt neutre de manière à bénéficier de meilleurs outils sur DXO qui vont nous permettre d'éliminer encore un peu plus de bruit et même de rajouter encore un peu de netteté si il le faut.
Toutefois, il ne fait aucun doute que l'étape DXO n'est pas nécessaire sur toutes les images, loin de là et le gain est au total très faible. Pour ceux qui utilisent LightRoom, le problème sera certainement moindre puisque l'on pourra directement travailler sur les fichiers RAW et utiliser toute la puissance en une seule étape. Cependant, LightRoom étant moins performant que DXO sur le traitement antibruit...
Les déformations : Comme je l'ai déjà mentionné, nous avons affaire ici à un objectif typé fisheye. Il produit donc de grosses déformations. Typiquement, et comme pour beaucoup de fisheye, la courbure de l'horizon (par exemple) dépendra de sa position dans votre photo. Cela a quand même un intérêt non négligeable, c'est qu'en mettant l'horizon au centre, il sera droit, et plus on s'éloignera de ce centre et plus il sera en arc de cercle. Les trois photos ci-dessous vous illustrent cela. Vous devez regarder la ligne d'horizon.
A ce propos, il faut signaler que parfois la ligne d'horizon ne sera pas horizontale sur vos photos. Cela se redresse aisément en post-traitement. Est-ce un défaut de calibration de la caméra ? Pas forcément. L'Anafi est en l'air et le gimbal réagit avec forcément un peu de latence et il est parfois possible qu'au déclenchement de la photo celui-ci ne soit pas parfaitement horizontal. Toutefois, il arrive aussi que cette ligne ne soit pas horizontale lors de vidéo. A ce moment, il y a clairement un soucis. Dans leur dernier manuel Parrot signale que le calibrage de la nacelle n'est à refaire que si TOUTES vos vidéos ou photos penchent dans le même sens et de manière systématique. Ce n'est pas mon cas. En particulier, il n'y a pas de systématique. Souvent c'est horizontal et parfois, je dois redresser un peu. En photo, j'ai l'habitude de faire cela, et l'Anafi n'est pas pire qu'un photographe qui ne tient pas parfaitement son appareil...
Sur la série ci-dessous, les fichiers ont été traités par Affinity pour annuler en post-traitement la distorsion de l'objectif. C'est très aisé, mais il faudra ajuster le taux de redressement pour chaque image, Affinity ne prenant pas en compte le côté fisheye. Bien entendu, les distorsions n'apparaissent pas que sur l'horizon, notre silo qui semblait bien ventru reprend des lignes bien plus parallèles et réalistes !
J'en ai profité pour faire le traitement également en passant par DXO après Affinity en corrigeant l'ensemble des distorsions par DXO. Ce dernier sachant corriger l'effet fisheye, une fois le réglage fait on peut le généraliser aux trois photos sans nouveau réglage. Le résultat est globalement très similaire, mais on peut noter quelques légères différences de point de vue sur le bâtiment. Mais bon, dans l'ensemble quelque soit la méthode, on peut voir qu'il est aisé de maitriser les distorsions de notre Anafi. Il faut noter toutefois qu'il m'arrive sur Affinity d'avoir du mal à obtenir une ligne d'horizon parfaitement droite, elle forme un léger dos d'âne, ce que l'on voit moins après correction par DXO. C'est lié à une distorsion (que l'on appelle en général en moustache) naturelle non uniforme de l'objectif. C'est un petit défaut, mais je fais facilement avec...
Les différents modes de photo
Le Mode JPG RECTILINEAR : Pour explorer les nombreuses possibilités photographiques proposées par Parrot, nous débuterons par le mode rectilinear. Si le développement des déformations par post-traitement produit des images de 21Mp, Parrot a doté l'Anafi d'un mode sans distorsion. Pour ce faire, le nombre de pixels sera ramené à 16Mp. Le résultat est probant, mais bien entendu ce mode ne produit qu'une image JPG. Il y a une possibilité d'obtenir une JPG Rect et un RAW en même temps, mais soyez bien conscient que le RAW ne peut pas avoir de correction intégrée (par définition) et que vous aurez donc une image RAW déformée native de 21Mp en même temps qu'une image JPG Rectilinear en 16Mp.
Donc vous retrouvez ci dessous dans l'ordre, les 3 images issues des RAW en 21Mp avec les distorsions, puis en second les 3 images en mode JPG Rectilinear (sans
aucun post-traitement) en 16Mp. On peut voir à cette occasion que le mode permet effectivement d'obtenir des images avec peu de distorsions et en gardant grosso-modo le même point de vue (Ce
n'est pas un crop de l'image distordue). C'est donc un très bon point !
Je profite de ces séries pour signaler, que dans ce mode, le zoom est actif (si on autorise la perte de qualité dans les paramètres). Vous trouverez donc en JPG Rect les images réalisées à fond de zoom à cette occasion. Attention, je rappelle que le zoom n'est qu'un recadrage (crop) sur le centre de l'image. Ainsi, à fond de zoom, notre image ne compte plus que 4Mp ! Pour publier sur internet, c'est largement exploitable, pour les impressions grand format, il faut oublier... Par contre, on peut mesurer ici le zoom disponible en vidéo Full HD. Vous retrouvez les 3 images zoomées dans la dernière série.
Attention, pour l'affichage du site, elles ont toutes été réduites à la même taille...
Le mode HDR : L'Anafi vous permet d'enregistrer une série de photo en Barcketing. Le principe étant de faire varier sur 3, 5 ou 7 photos l'exposition. Sous Affinity (comme sur bien d'autres logiciels), on peut alors superposer les différentes photos pour augmenter la dynamique de la photo. Je vous présente ci-dessous quelques exemples faits de manière automatique avec les pré-réglages d'Affinity. La première image est faite à partir de 3 images (réglage dramatic), la suivante à partir de 7 (réglage detailed) avec à chaque fois l'image centrale du bracketing sans retraitement à sa droite. La dernière est une HDR noir et blanc ( 7 images ). (le HDR est toujours à gauche).
Bien entendu, en travaillant les paramètres HDR, on pourra obtenir bien d'autres rendus, mais on voit bien que cela permet de gagner en plage dynanique et on note aussi la stabilité de l'Anafi en vol qui peut prendre 7 photos superposables sans trop de soucis, d'autant plus vrai que ces trois séries ont été faites par vent plutôt soutenu !
Les panoramas : Alors pour faire des panoramas, l'idée est simple : on fait une série de photos et les assemble par logiciel. On peut demander à l'Anafi de les asembler par le biais de l'application Freeflight 6 (cela demande alors le téléchargement des images du drone vers le téléphone, ou réaliser l'assemblage par Affinity à partir des photos originales que Parrot nous propose de laisser sur la carte. L'appli nous propose 2 résolutions (18Mp ou 32Mp) pour les panos à plat. Avec Affinity je suis monté à plus de 50Mp ! Rien que ça ! Il faut noter que cette possibilité n'est pas survendue par Parrot alors que DJI l'a mise dans l'argumentaire marketing du Mavic 2 Pro (revendiquant alors des photos de 42Mp). Rappelons que ce dernier est proposé quand même à plus du double du prix de l'Anafi... A noter que j'ai eu des plantages réguliers de freeflight pendant ces calculs et que ceux-ci sont relativement longs.
Alors commençons par des panoramas de type paysage. Le drone va prendre 10 photos et les assembler ensuite. Là encore, le fonctionnement est quand même très bien maitrisé, car il y avait à chaque fois beaucoup de vent et il y a très peu d'erreur d'ajustement ! Je suis bluffé ! Ci-dessous, la même source. En premier le calcul fait par freeflight, ensuite celui fait par Affinity et pour finir l'une des photos ayant servi dans ce panorama pour vous donner une idée de l'agrandissement du champ visuel offert par ce mode. Ce mode ne se fait qu'en JPG, donc l'intérêt de faire l'assemblage par Affinity reste la possibilité de recadrer plus précisément, un assemblage un peu meilleur et un contrôle de l'exposition avant sauvegarde. Mais globalement, freeglight fait cela de manière très honorable !
La caméra qui pivotent à 180° en vertical, va permettre de faire également des panoramas en mode portrait à partir de 8 photos. Cela, aucun concurrent ne peut le faire aujourd'hui ! Et cela produit des perspectives fort intéressantes ! En voici 2 avec en dessous une des photos originales ayant servi à l'assemblage. Là encore, on a le choix entre freeflight et Affinity pour faire l'assemblage.
Effets Sphere, Little planet et Tunnel : en plus de tout cela, il y a le mode 360°. Notre Anafi va prendre une série de 42 photos ! Par grand vent, je le regardais faire en étant assez peu optimiste quand à l'assemblage de tout cela... Et bien encore une fois, il bouge, il prend les rafales, mais les images ne s'en ressentent absolument pas. C'est assez incroyable ! Alors le mode sphère est directement observable en réalité virtuelle sur Facebook, mais pas ici. En fait il nous crée une image avec l'ensemble des images (exemple ci-dessous) et facebook l'utilisera pour en refaire une sphère au centre de laquelle notre oeil sera placé. C'est très immersif. On peut aussi choisir les effets Little Planet et Tunnel. Cela me parait un peu gadget, mais cela produit tout de même des images étonnantes et aussi peu courantes qu'irréalistes !
Pour conclure cette longue partie destinée à montrer et démontrer toutes les qualités et toutes les possibilités que possède l'Anafi pour le photographe que je suis, et bien je suis quand même épaté de pouvoir obtenir tout cela avec ce petit drone de 320g ! Il répond quand même bien à son surnom commercial de caméra volante ! Pour moi de ce côté, le pari est gagné avec un piqué d'image excellent ramené à la petitesse de son optique. Par contre, il est clair que le post-traitement est obligatoire pour en tirer le meilleur. Les modes de développement automatiques ne sont pas mauvais, mais on restera vite sur sa faim à cause des distorsions ou du bruit généré.
Il faut passer par le Raw. De ce point de vue, depuis quelques semaines, le fait de pouvoir avoir à la fois un fichier RAW (donc wide à 21Mp) et un fichier JPG Rect (redressé et de 16Mp) est pour moi un très grand atout et c'est désormais le mode d'enregistrement que je privilégie. Le Raw pour le travail de Post-Production avancé sur les meilleures, le JPG pour juger plus rapidement des prises de vue et pouvoir les diffuser avec un minimum de travail. Parfois j'active le bracketing, parfois non car ce mode nuit à la réactivité de l'ensemble à cause du temps nécessaire à l'enregistrement sur la carte.
Et si vous n'êtes toujours pas convaincu que nous avons vraiment affaire ici à un véritable appareil photo attaché à 4 hélices, je me permets de mettre côte à côte notre Anafi et le dernier grand angle Tamron 17-35mm F/2.8-4 Di OSD (A037) (test à lire ici) et je vous laisse juger par vous même qu'au centre un Anafi post-traité est tout à fait comparable à une image relativement brute sortant d'un reflex haut de gamme ! Sur les bords, c'est quand même plus difficile de rivaliser pour l'Anafi...
Sur le terrain et dans les airs...
Après huit mois d'utilisation de l'Anafi en mode photographe des airs, cela reste toujours un plaisir intense de le voir décoller. Il y a également toujours un petit peu de stress, car si le vol se passe mal, les conséquences risquent vite d'être importantes. Un vol mal maitrisé et c'est le crash... Un obstacle imprévu... C'est le crash... Une panne moteur... C'est le crash... Et je ne parle pas de problèmes de connexions ou de positionnement GPS... Bref, quand on décolle avec un drone, il faut intégrer qu'il y a toujours une chance qu'il ne revienne pas en bon état. Ce n'est pas lié à l'Anafi, c'est lié au fait qu'au moindre problème, quelqu'il soit, un drone finit parterre ! Par contre de ce point de vue, la légèreté et la construction de l'Anafi n'inspire pas à l'optimisme en cas de choc.
Il faut donc prendre des précautions, être rigoureux et pour autant être toujours conscient que le risque est là. C'est comme avec beaucoup d'autres choses, on vit très bien avec ces risques là et on finit par les oublier et quand l'incident arrive, on est souvent très en colère... Je m'aperçois ainsi que pendant les derniers jours où j'ai fini les prises de vues dans l'objectif de cet article, j'ai fini par un peu trop prendre confiance, prendre des risques que je ne m'autorisais pas avant, ne pas suivre ma procédure de décollage à la lettre... Enfin, j'ai donc décidé de reprendre cette rigueur qui m'a certainement évité les ennuis jusqu'ici !
Ma procédure de décollage : Attention, je ne dis surtout pas que c'est la meilleure, ce que je dis c'est qu'il faut avoir la sienne et surtout la suivre toujours de la même manière et pour autant, ce n'est surtout pas une garantie de vol sans soucis... Donc pour ma part,
- je commence toujours par déplier ma base d'atterrissage.
- Je sors alors l'Anafi de sa housse et je lui déplie les bras avec grande précaution, toujours en faisant attention de jamais toucher la nacelle de la caméra (D'ailleurs je ne mets jamais la protection sur l'objectif ayant trop peur de casser ou de fausser le système entier).
- Je sors alors la télécommande.
- Je l'ouvre pour l'allumer.
- Je branche mon cable USB sur la commande.
- J'insère le téléphone sur le support sans le connecter.
- J'allume le téléphone et je le mets de suite en mode avion.
- Je le connecte alors par le cable à la commande. A ce moment, freefilght va se lancer automatiquement.
- Quand cela est fait et que je suis sur l'accueil de l'application et seulement à ce moment, j'allume le drone. J'attends qu'il se connecte.
- Quand il est détecté, je rentre dans le cockpit et là je vais checker les GPS. En général, le GPS du système de commande est vert tout de suite, pour le GPS du drone c'est une autre affaire... Dans les anciennes versions, en quelques secondes cela arrivait et je ne décollait jamais sans être au vert pour le drone aussi, mais sur la version 6.41, j'ai beau attendre plusieurs minutes, souvent, il reste au rouge...
- Je vais donc faire le décollage en appuyant sur le bouton dédié de la télécommande. Les moteurs démarrent et l'Anafi décolle à environ 1m du sol.
- Là, j'attends une bonne dizaine de secondes. Je regarde en particulier sa stabilité, la stabilité de la connexion, des GPS. Dans la version 6.41, c'est souvent à ce moment là que le GPS du drone passe au vert...
- Je tente alors une petite montée de quelques mètres, une rotation ou deux.
- Je patiente encore quelques secondes pour ressentir si tout va bien, en particulier si il est stable.
- Alors et seulement alors avec tous les GPS au vert (voire orange dans certains cas), je vais commencer à me déplacer pour aller faire mes prises de vue.
Cette procédure a l'air longue et pénible, mais en fait cela va plutôt vite et comme je fais toujours cela dans le même ordre, cela fait partie de mon petit rituel, et franchement, je n'y laisse pas beaucoup de batterie !
Calibrer ou pas : Depuis que l'Anafi fait partie de mon sac, j'ai décidé de me fier à l'application. Elle ne m'a jamais demandé de recalibrer le drone. Ayant avant le DJI Spark (voir le test ici), j'étais habitué à ce que celui-ci me le demande régulièrement. Je sais que beaucoup préfère recalibrer plus ou moins régulièrement. Toutefois, l'appli de Parrot ne le demande pas souvent voire jamais. Alors faut-il le faire et à quelle fréquence ? Personnellement entre juillet et février je n'ai fait aucune recalibtration. Je ne vole pas beaucoup (75 vols au compteur), mais jamais il ne m'a inquiété quand à son positionnement. Après l'arrivée de la version 6.41 et mes soucis de GPS au décollage, je l'ai refait une ou deux fois. Cela n'a rien changé, ni dans un sens, ni dans un autre. En théorie, si un calibrage est bien fait, si le drone ne subit pas d'incident particulier, il n'y aucune raison qu'il ait besoin de se recalibrer. Par contre, en calibrant à chaque vol, on prend quand même le risque que la calibration se passe mal (pour une raison ou pour une autre) et dans ce cas, les risques d'avoir un vol foireux sera très important et vous ne vous en apercevrez pas forcément au décollage... Alors, en ce qui me concerne, je ne calibre pas sauf si freefilght me le demande ou si je sens que quelque chose ne va pas et m'inquiète.
En vol : Alors ça y est, notre Anafi a décollé et tout les voyants sont au vert, c'est maintenant que le plaisir opère. Il est vif, réagit au doigt et à l’œil pour les commandes. Il est sain et très facile à piloter. J'apprécie énormément le fait d'avoir deux modes de pilotage : un mode film et un mode sport. Le mode film est bien entendu dédié aux prises de vue vidéo. Sa vitesse se doit d'être adaptée aux capacités vidéo de l'Anafi. Un déplacement trop rapide aboutira à des séquences floues. Le mode sport permet de se déplacer rapidement vers la zone de prise de vue. On passe de l'un à l'autre par un bouton à choisir sur l'application. C'est vite fait, mais un commutateur sur la télécommande aurait été le bienvenue (comme chez DJI). Ce qui est très agréable, c'est de pouvoir modifier chaque mode avec un paramétrage clair et efficace. Moi, j'ai débridé les chevaux sur le mode sport ! Comme je fais peu de vidéo, le mode sport est quasiment toujours actif et parfois je passe en mode film pour les atterrissages où je dois être précis, quand il y a des rafales de vent par exemple.
En mode sport, on joue quand même un peu. 55 km/h de pointe ça file vite. Le freinage est efficace, même si il y a un peu d'inertie. Les rotations comme les translations se font de manière intuitive et douce. Bref, c'est un vrai plaisir et on a de bonnes sensations de vol.
La distance... C'est un vaste débat. On est censé le garder à vue. Alors selon les conditions de luminosité, à plus de 250m, on ne l'a pas toujours réellement à vue. D'ailleurs dès que l'on met le nez sur l'écran pour faire les photos, le retrouver dans le ciel est quand même très difficile. Alors je l'ai envoyé jusqu'à 700m, mais c'est quand même très limite... De même quand on la ramène (je n'aime pas le faire ne RTH, je préfère le pilotage manuel), parfois on sait qu'il est juste à côté, mais on le cherche un peu dans le ciel. Comme il fait peu de bruit, ce n'est pas cela qui va vous guider. Parfois je le cherche devant moi et en fait il est quelques métres derrière. Mais bon globalement, on s'y fait très vite !
Les commandes de prises de vue : A l'usage prendre des photos (ou des vidéos) avec l'Anafi est simple. Les palettes d'inclinaison ou de zoom sont très agréables à utiliser, même si parfois je regrette que la zone morte soit parfois un peu longue. Il y a un bouton pour déclencher la prise vue sous l'index droit et un bouton sous le gauche pour ramener la caméra à l'horizontale. C'est bien vu. Pour passer du mode vidéo au mode photo, il faudra aller toucher l'écran de l'appli. C'est facile à faire. Par contre depuis la version 6.41, le temps de commutation est relativement long, comme le temps d'indisponibilité entre deux prises de vue. A part cela, l'accès aux paramètres de la prise de vue sont très bien pensés et on a vite fait de changer les paramètres. J'apprécie beaucoup le mode semi automatique (le mode Pro) qui permet de régler le ou les paramètres que l'on souhaite, les autres se réadaptant automatiquement. C'est mon mode de fonctionnement sur mon appareil reflex et c'est donc confortable de retrouver ce fonctionnement sur l'Anafi. Aujourd'hui, je shoote avec le mode JPG Rect + RAW. Je règle surtout l'exposition en la décalant en fonction de ce que je vois des surexpositions sur l'écran (j'active les hachures indiquant les zones cramées)
L'atterrissage : Je le fais toujours en manuel. Je descends un peu comme un sauvage jusqu'à 5 ou 6 m du sol pas trop loin de ma base. Ensuite je le tourne dans le même sens que moi et je le ramène au dessus de la base et je le fais descendre. Il va se bloquer à 20 ou 30 cm du sol grâce à son détecteur. On laisse la manette de descente vers le bas et il repart pour se poser. Je corrige toujours un peu pour viser le centre de ma base (c'est mon petit jeu d'être le plus centré possible). Attention, parfois, quand il y a des rafales, il a tendance à prendre un peu plus de temps pour éteindre les moteurs, il ne faut pas arrêter de le faire descendre.
Le cas des filtres
Il me reste une chose à évoquer, l’utilisation ou non de filtres supplémentaires. C'est souvent là aussi un débat assez enflammé où tout le monde n'a pas le même avis. Sur le réflex, je n'en utilise pas, du coup, je n'ai pas tendance à le faire sur l'Anafi non plus. Mais à l'occasion d'un tel test, j'ai voulu aller jusqu'au bout de ma démarche. J'ai donc acquis une boite de filtres de la marque très réputée Freewell. Alors, j'insiste sur un point. Tout ce que je vais dire concerne la photographie et n'est pas forcément transposable directement à la vidéo. Ainsi, baisser un peu la vitesse d'obturation grâce aux filtres n'aura pas le même impact en photo qu'en vidéo.
Alors je clos de suite le problème de la vidéo. Avec les filtres, on cherchera à modifier la perception du mouvement. Avec une vitesse d'obturation plus lente, les mouvements seront restitués avec un côté plus cinéma. Je ne suis pas assez calé en vidéo pour aller plus loin dans les tests, mais cela ne m'a pas convaincu plus que cela. En mettant le filtre le plus impactant (PL + ND64), je n'ai pas trouvé que la différence sautait à la figure.
Alors qu'en est-il en usage photographique ? La première question que je me suis posée, c'est de savoir à quel point on change la vitesse d'obturation avec ces filtres.
Voici un tableau résumant cela :
Ces valeurs sont effectivement conformes aux dénominations habituelles des filtres ND. Donc oui, mettre des filtres va profondément permettre de modifier la vitesse d'obturation de nos prises de vue. Ceci étant dit, est-ce que cela va induire de vraies différences en photographie ? Je serais tenté de dire oui, sauf que 1/50ème, ce n'est quand même pas une pause longue non plus... Autant 1/4000ème va figer les mouvements et éviter les flous de bougé, autant 1/50ème ne donnera pas forcément des flous de mouvement très prononcés. Nous devons noter aussi qu'à 1/50 le fait que le drone puisse bouger sera quand même une probabilité non négligeable et la stabilisation devra faire son travail à plein pour ne pas récupérer une image floue en cas de vol venté, par exemple.
Sur les trois photos ci dessous, il y a bien une légère différence, mais il faut croper pour en être persuadé !
Si pour l'effet vitesse, ce n'est pas déterminant, il faut en plus se demander si il y a une incidence sur le piqué de l'image, car rajouter une vitre teintée devant notre optique n'est pas forcément anodin. Sur un système réflex, on sait que l'on a tout intérêt à mettre un très bon filtre pour ne pas altérer le piqué, il en est de même pour notre Anafi. Les filtres Freewell sont souvent considérés comme parmi les meilleurs, on regardera donc la série suivante pour en juger.
L'analyse de ces images est simple. D'abord, il ne faut pas s'arrêter aux différences de colorimétrie, sur les 9 photos différentes que j'ai faites, je n'y ai pas trouvé de logique évidente. C'est certainement lié à la vitesse d'obturation, mais seulement en partie. De même, l'apport de la polarisation est loin d'être flagrante et je ne l'ai pas non plus trouvée plus évidente sur les photos faites en bord de mer. Il reste qu'au moins le piqué est très peu impacté par la présence des filtres (que qu'il soit sur la série) et en effectuant le traitement sous Affinity. Il reste que l'on aperçoit le bord des filtres dans les coins de l'image. Ce n'est pas réellement un soucis, car en corrigeant la distorsions, ils disparaissent. De même, en vidéo, je ne les ai pas vus.
Donc, concernant les filtres, je ne suis pas très fan et je m'explique de suite :
- La première chose, c'est que je ne trouve pas le résultat probant. Les photos ne sont pas fondamentalement meilleures. Il y a bien plus à gagner en post-traitement (voir ce que j'en ai dit auparavant) qu'à mettre des filtres.
- Deuxième point : mettre des filtres sur l'optique de la caméra me parait très dangereux en terme de manipulation. Je n'aime pas du tout, mais alors pas du tout installer ce genre de chose. Cela s'enfonce en force et j'ai plus peur d'abimer la nacelle comme ça qu'en mettant le drone en l'air et en pensant qu'il peut se crasher... Et ensuite, les enlever ne me fait pas moins peur !
Bref, en ce qui me concerne, je ne mettrai pas de filtres sur mon Anafi. Pour ceux qui souhaitent les utiliser en vidéo, au moins soyez rassurés sur le fait que les Freewell sont de très bonne qualité et ne détériorent absolument pas le piqué de l'objectif. C'est déjà ça !
Quelques photos prises avec le drone Parrot Anafi
Après un si long test, je finirai simplement par présenter quelques unes des photographies que j'ai pu réaliser avec l'Anafi depuis 8 mois. Plus le temps passe et
mieux j'en maitrise le Post-traitement... Comme beaucoup d'outils, il faut aussi le temps de l'apprivoiser et de comprendre comment en tirer le meilleur ! Vous pouvez retrouver bon nombre de
photos faites avec dans la partie du site "photos au drone" ou dans bon nombre de mes reportages.
Ma conclusion
Ma conclusion est donc très aisée ! Le Parrot Anafi est très bon drone de prise de vue. Ses capacités pour le photographe sont très importantes et jamais vues sur un drone de ce tarif. Ses 21Mp, sa caméra s'orientant de 180°, alliés à une application bien pensée et pleine de bonnes idées en font un cas à part dans ce petit monde dominé par DJI.
Une petite vidéo pour se donner une idée de la qualité d'image
Dans cette vidéo, il y a trois sources d'images. L'Anafi bien sûr, un caméscope de poing, le très bon Panasonic VX980 et une Sony ActionCam. Vous n'aurez pas de mal
à retrouver les images de l'Anafi et vous pourrez ainsi voir à quel point on peut intégrer ses images à celles venant d'autres sources. On voit également ce qu'amène un drone en terme d'ajout à
une vidéo. C'est très complémentaire aux vidéos au sol et aux vidéos embarquées.
pour résumer...
le drone Parrot Anafi
Ce que j'ai adoré
- l'expérience de vol - les 21Mp
Ce qui est bien - le prix
- la qualité des photos - l'application freeflight |
Ce que j'ai détesté
- rien
Ce qui n'est pas terrible
- pas d'attache sangle pour la commande
- ce sentiment que l'on a de fragilité
|
Vous trouverez de nombreuses vidéos concernant des tests de parrot Anafi. Je ne joins qu'un lien celui de Paladrone dont le sérieux n'est plus à prouver sur ses analyses, même si sa priorité est la vidéo.
https://www.youtube.com/watch?v=AMyej-eb3Og
Test des Numériques : https://www.lesnumeriques.com/drone/parrot-anafi-p44669/test.html
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Stéphane D (lundi, 10 février 2020 20:03)
Merci pour ce test très éclairant et globalement très positif pour le produit ! Peut-être faut-il ajouter une remarque pour les photographes. Ce Drone Anafi de "21 Mpix "produit en réalité une image exploitable de seulement 19 Mpix dans un format standard 2/3. Le concurrent ne donne aucune information sur son capteur 20 Mpix 1 pouce car le problème est probablement identique...
Beanico (lundi, 10 février 2020 20:10)
Merci pour votre commentaire, les fichiers Raw ont bien 21,5Mpixels en sortie et 16Mp en Jpeg Rect. Du coup, dois-je comprendre votre commentaire en tant simplement comme format non standard pour le 21,5Mp ?
Fred B (jeudi, 28 mai 2020 07:26)
Superbe compte rendu de tests qui met bien en avant les valeurs de l'ANAFI, qui apprend bien des choses à ceux comme moi qui lorgnent sur cet appareil pour voir le monde comme si on était oiseau
beanico (jeudi, 28 mai 2020 08:25)
Merci de ce commentaire !
Francois Moriseaux (samedi, 25 décembre 2021 21:51)
bonjour je suis débordé d'info grâce à votre test super complet ! j'aimerais savoir savoir si il y a des groupes "d'entrainements" en france pour pouvoir assimiler tout ça
d'avance merci
( n'hésitez pas à me répondre par email francoismoriseaux@gmail.com)